Restauration collective en DDI : FO auditionnée par l’IGA – Des constats alarmants, des exigences claires

Depuis le transfert des DDI au ministère de l’Intérieur en 2020, FO/DDI porte une vigilance particulière au sujet de la restauration collective en formation spécialisée SSCT des DDI, en témoigne la plate-forme de revendications portée en 2024 (à retrouver ICI)

Suite aux nombreuses alertes relayées par ses représentants locaux, FO/DDI s’est saisie dès le début de l’été 2025 du sujet brûlant de la restauration collective.

Avec à la clé :

– une saisine du Secrétaire général du Ministère de l’Intérieur (à retrouver ICI)

– une enquête auprès de ses représentants pour alimenter un état des lieux caractérisé et objectivé (à retrouver ICI)

– une nouvelle interpellation solennelle en ouverture du CSA des DDI du 6 novembre avec remise d’une pétition sur la situation en Corse

Suite à ces différentes initiatives marquant la volonté de FO/DDI de faire valoir la parole et les intérêts des agents des DDI, histoire qu’ils ne soient pas oubliés, la mission d’inspection missionnée par le cabinet du ministre de l’Intérieur (lettre de mission ICI) a souhaité nous auditionner le 2 décembre 2025 avant de rendre son rapport.

À retenir de cette audition… les éléments portés par FO/DDI

1. Le diagnostic

FO/DDI alerte sur une dégradation importante de la restauration collective dans les Directions Départementales Interministérielles (DDI). Les principales difficultés remontées concernent :

Des disparités majeures entre agents selon leur ministère d’origine ou leur lieu d’affectation.
Une opacité totale dans l’utilisation et la traçabilité des crédits versés par les ministères de rattachement au Ministère de l’Intérieur.
Une diminution ou suppression de certaines subventions, entraînant une hausse du reste à charge pour les agents.
Des fermetures de restaurants administratifs et l’absence d’alternatives viables.
La situation est décrite comme une rupture d’égalité de traitement, accentuant les difficultés économiques des agents.

2. Le rappel des épisodes précédents

Des signaux d’alerte ont émergé dès le printemps : annonces préfectorales évoquant l’absence de crédits pour la restauration à partir du second semestre.
Une enquête de FO/DDI a été menée durant l’été : remontées nombreuses et rapides faisant état de dysfonctionnements massifs, d’absence de restauration dans certains sites, de tickets repas supprimés ou divisés, etc.
Un document de synthèse a été transmis en septembre et complète les remontées locales.


3. Des situations très parlantes

Les témoignages convergent :

– Absence totale d’offre de restauration
– Antennes isolées, abattoirs, DDI entières (ex. DDPP 74, DDT 84), lieux sans conventionnement, situations particulières comme la Corse.
– Inégalités flagrantes
– Dans un même restaurant :→ un agent CCRF paie 3,54 €,→ un agent Agriculture paie 8,98 € pour le même repas.
– Tickets repas supprimés
– Agents informés « du jour au lendemain » qu’il n’y a plus de budget.
– Fermetures brutales: Exemple : DDTM Toulon → fermeture définitive du restaurant, sans solution alternative réelle (20 minutes de marche alors que la pause est de 45 minutes).

4. Des problèmes structurels à traiter

4.1. Absence d’harmonisation réelle
L’harmonisation de 2021 n’a jamais été revalorisée. Les agents affectés en DDI perdent souvent les droits dont ils bénéficiaient au sein de leur ministère d’origine (jusqu’à 3€ par repas!)

4.2. Opacité budgétaire

FO dénonce :

– l’absence de suivi des crédits par les ministères,
– l’absence de transparence locale/nationale du MI sur l’utilisation des fonds,
– l’impossibilité d’obtenir des chiffres consolidés.

4.3. Érosion du pouvoir d’achat

– Restauration → hausse massive des coûts (EGalim, inflation, énergie).
– Salaires gelés → agents perdent jusqu’à 10 % de pouvoir d’achat entre 2022 et 2024. La solution sera-t-elle les Restos du cœur pour un certain nombre de nos collègues ?

5. Problèmes liés au télétravail

Inégalités dans l’accès aux chèques restaurant : certains agents en bénéficient, d’autres non.
Rappel normatif : les télétravailleurs doivent avoir les mêmes droits que les agents en présentiel (cf notre plateforme de revendications ICI)

6. De l’urgence à agir

FO/DDI réaffirme en synthèse que :

– La restauration est un pilier central de l’action sociale et un sujet de santé au travail.
– Il faut une traçabilité locale et nationale des crédits affectés (notamment via les comités de suivi annuels des SGCD et la F3SCT des DDI).
– Nécessité d’un budget à la hauteur des besoins et non d’une baisse de la subvention d’harmonisation.
– Refus catégorique d’un nivellement par le bas de l’action sociale.
– Plusieurs alertes déjà sur des « bruits de couloir » annonçant une réduction des subventions d’harmonisation, ce qu’ils dénoncent vigoureusement.

Les éléments apportés en réaction par la mission d’inspection

La mission prend acte de la richesse des éléments apportés par FO/DDI, et :

– confirme des disparités importantes et des problèmes organisationnels,
– indique ne pas pouvoir dévoiler ses recommandations avant remise au ministre,
– présente sa méthodologie (entretiens, questionnaires, analyse des RA/RIA/RIE, échanges avec les gestionnaires…).

La mission reconnaît :

– l’absence d’égalité de traitement,
– les tensions budgétaires de 2024,
– les difficultés organisationnelles internes,
– l’importance stratégique de l’action sociale dans la cohésion et le niveau de vie des agents.

Et maintenant ?

Pour FO :

– La situation est intenable pour les agents.
– L’absence de restauration ou les prix prohibitifs deviennent un risque social et sanitaire.

Il est indispensable d’avoir :

– de réelles réponses administratives et non du silence,
– de la transparence budgétaire,
– des solutions égalitaires alignées « vers le haut »,
– un budget sanctuarisé ou renforcé.

FO réaffirme son attachement en DDI comme partout ailleurs son attachement à une action sociale de qualité, égalitaire et protectrice du pouvoir d’achat et de la santé des agents.