Intelligence artificielle au pôle ministériel : FO réclame transparence, concertation et garanties pour les agents

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Tract 9 juillet 2025

Alors que l’intelligence artificielle (IA) fait une entrée rapide dans nos administrations, Force Ouvrière alerte depuis plusieurs mois sur la nécessité d’un encadrement strict, concerté, et respectueux des droits et conditions de travail des agents publics.

Malgré notre demande répétée d’un point à l’ordre du jour de la Formation Spécialisée Ministérielle (FSM), la réunion prévue le 23 juin à ce sujet n’a finalement pas eu lieu. Cela ne doit pas empêcher que les préoccupations légitimes des agents soient entendues.

Un déploiement précipité, une concertation absente
Depuis les annonces ministérielles – notamment de la ministre Pannier-Runacher – sur le recours massif à l’IA, FO a exprimé son inquiétude face à une stratégie précipitée, dévoilée bien souvent par voie de presse ou au détour de réunions comme celle du CSAM du 4 juin.

Nous rappelons que l’article 69 du décret n°2020-1427 impose la consultation de la Formation Spécialisée Ministérielle lorsque de nouvelles technologies sont introduites et qu’elles sont susceptibles d’avoir des conséquences sur la santé et la sécurité des agents.

C’est dans ce cadre réglementaire que FO a demandé un point pour avis, non une simple présentation.

Une présentation incomplète et tardive
Bien que la présentation préparée par l’administration esquissait quelques orientations, elle restait très en retrait sur les impacts concrets sur les métiers, les conditions de travail et les risques associés. La feuille de route IA, transmise tardivement, ne permettait pas une analyse approfondie ni un dialogue serein.

Or, l’IA transforme déjà le quotidien des agents : automatisation, outils de traitement automatisé des données, décisions assistées… autant d’évolutions qui posent des questions fondamentales :

– Ai-je encore le recul et l’esprit critique nécessaires ?
– L’outil amplifie-t-il les biais existants ?
– Quelles garanties pour les données confidentielles ?
– Qui contrôle l’IA ? Peut-on la contredire ? En ai-je seulement la capacité ?

Des demandes claires et structurées
FO ne s’oppose pas par principe à l’IA. Bien encadrée, elle peut être un outil utile. Mais sans garde-fous, elle risque de déshumaniser les missions, d’augmenter la charge mentale, d’accroître les inégalités, voire de justifier des suppressions de postes.

Nous portons donc les revendications suivantes :

– Évaluation systématique des risques avant chaque déploiement.
– Méthodologie claire et transparente sur l’intégration de l’IA dans les métiers.
– Présentation ministérielle complète de chaque projet, avec concertation en amont.
– Plan de formation dédié à l’IA, articulé avec les formations métiers.
– Revalorisation des missions des agents par des plans de requalification et de reconnaissance.
– Garantie d’accessibilité numérique, pour ne laisser personne sur le bord du chemin.

De plus, FO appelle le ministère à tenir ses engagements : respect du cadre réglementaire dont la consultation réelle et continue des représentants du personnel et l’articulation des projets IA avec le plan de prévention des risques psychosociaux.

Nous avons également porté une motion, rappelant que l’IA ne peut être introduite sans un dialogue social complet, ni sans évaluation préalable de ses conséquences sur les conditions de travail.

Ce débat ne fait que commencer. FO continuera de se mobiliser pour que les agents aient voix au chapitre dans l’évolution de leur environnement de travail.