Résolution de la conférence nationale FO des DREAL du 17 novembre 2025

Réunis en conférence nationale, les représentants FO des DREAL alertent : tutelle renforcée des préfets, coupes budgétaires, restructurations, tensions sur les effectifs, crise des conditions de travail…

FO réaffirme son opposition à tout démantèlement des DREAL et exige un État cohérent, des moyens renforcés, une gestion transparente, et un véritable respect du dialogue social.

Réunis en conférence nationale le 17 novembre 2025, les représentants des unions/cartels FO des DREAL prennent acte des éléments d’actualité générale et soutiennent les actions et positions portées par FO dans les différentes instances ministérielles du METTL (CSAM, F3SCTM, CCAS, CMFP).

 Pour ce qui concerne des sujets touchant plus particulièrement les DREAL, nous réaffirmons notre engagement à défendre :

1-Un Etat présent, pertinent et cohérent à tous les étages de la République

→ Les représentants FO des DREAL dénoncent les textes récents — décrets du 30 juillet 2025, arrêtés du 20 août 2025 et circulaire du 5 septembre 2025 — qui renforcent la tutelle des préfets sur les directions régionales et la gestion de leurs agents. Cette évolution, menée sans concertation et contre l’avis des rares instances consultées, constitue une mise sous tutelle politique des politiques publiques ministérielles, au mépris des compétences techniques et de la collégialité administrative.
→ Pour nous, ces textes consacrent une dérive autoritariste où le préfet, sous unique tutelle du ministère de l’Intérieur, devient le seul ordonnateur et décideur de politiques qui devraient relever d’une gouvernance interministérielle équilibrée.
→ Nous affirmons qu’un État efficace n’est pas un État uniformisé et centralisé dans les mains d’un seul décideur soumis aux seules pressions court-termistes, mais un État prenant des décisions éclairées par l’avis des compétences des différents ministères intégrant les enjeux de moyen et long-termes.

→ Nous dénonçons les coupes budgétaires réalisées en 2025 et inscrites au projet de loi de finances 2026 ayant des impacts dans tous les domaines, y compris en matière de recrutement, de mobilité, de rémunération et de fonctionnement.

→ Nous rappelons par ailleurs les effets de désorganisation entraînés sur les DREAL concernées par la mise à disposition et/ou le transfert du réseau routier national dans le cadre de la loi 3DS, et nous opposons par avance à toute nouvelle vague de décentralisation impactant les DREAL.

2- La reconnaissance et la valorisation des ministères techniques

→ Nous pointons l’absence totale de mention explicite des politiques portées par notre pôle ministériel dans le discours de politique du Premier ministre, et dénonçons toute mention implicite des mêmes politiques dans ses appels à un nouveau chantier de décentralisation.

→ Nous condamnons les baisses d’effectifs inscrites dans le PLF 2026 (-500 postes pour l’ensemble du pôle ministériel) et revendiquons le rétablissement de son plafond d’emploi au niveau de celui existant en 2010.

→ Nous exigeons la consolidation des missions et des effectifs des DREAL, et nous opposons à toute opération de restructuration larvée niant les droits des agents. Nous demandons dans ce cadre que toute évolution des missions des DREAL soit soumise aux instances nationales compétentes (missions CITES, prévention des crues,…).

→ Nous nous opposons par avance et combattrons si nécessaire toute velléité de transfert des Unités Départementales des DREAL sous autorité directe des préfets de département.

3- Des parcours professionnels dans une Fonction Publique attractive, valorisée et fière de sa diversité

→ Nous pointons et dénonçons les effets délétères entraînés pour les services et les agents de la gestion chaotique des effectifs et de la masse salariale, ainsi que de la baisse et l’éclatement des moyens dédiés aux fonctions support ;

→ Nous dénonçons fermement les problèmes de paie en général, en cas de mobilité en particulier, et exigeons que les services compétents (ministériels et interministériels) rétablissent un fonctionnement normal de la chaîne paie, ce qui passe notamment par l’affectation d’effectifs suffisants ;

→ Nous fustigeons l’attitude cynique de l’État employeur envers ses agents malades, parfois en raison de la souffrance au travail subie, qui ponctionne leur salaire sans préavis ni possibilité d’aménagement. Nous exigeons que les premiers engagements de la DRH suite à la saisine de FO soient suivis d’effets, et revendiquons l’abrogation de ces mesures injustes et injustifiées. Nous exigeons que les erreurs constatées et signalées, mettant en grande difficulté certains de nos collègues, soient au plus tôt corrigées par l’administration ;

→ Nous dénonçons l’opacité de gestion des processus de mobilité et de promotion, et exigeons la remise en place d’instances de concertation locales. Nous soutenons pleinement les revendications portées par FO en vue de l’évolution des lignes directrices de mobilité, et attendons de réelles avancées au bénéfice des agents et des services. Nous exigeons en particulier le regroupement des publications « au fil de l’eau » sur des temporalités plus larges pour faciliter la mobilité des couples notamment et réduire le travail des services RH, tout en conservant un vrai cycle collectif avec prise de poste en septembre ;

→ Nous restons vigilants à ce que les recrutements de collègues en situation de handicap ou victimes de restructurations ne soient pas impactés par la gestion actuelle des effectifs ;

→ Nous dénonçons la politique de précarisation des emplois publics et exigeons que l’administration respecte les droits des agents non-titulaires recrutés dans ce cadre ;

→ Nous rejetons enfin fermement la politique salariale du gouvernement (gel du point d’indice, suppression de la GIPA, mesures catégorielles supprimées en 2026) et ne pouvons accepter que les agents publics soient ponctionnés sur leurs rémunérations en cas d’arrêt maladie. Nous soutenons en cela pleinement les revendications portées par la FGF-FO au niveau de la Fonction Publique.

4- Une formation professionnelle renforcée et un réseau de formation ministériel conforté

→ Nous dénonçons les effets des coupes budgétaires sur la possibilité de participer aux formations pourtant nécessaires à l’exercice des missions de service public, et pointons que la formation à distance ne peut répondre à l’ensemble des besoins ;

→ Nous nous opposons fermement à ce que les formations statutaires ou de préparation aux examens et concours fasse l’objet d’une quelconque contrainte ;

→ Nous réaffirmons l’importance que les moyens puissent être maintenus au sein du CMVRH et des écoles ministérielles pour répondre aux besoins des agents des DREAL ;

5- Le retour à des conditions de travail décentes et la prise en compte de l’humain dans l’organisation des services

→ Nous alertons sur la tension extrême existant dans la plupart des services des DREAL, en particulier chargés de missions d’instruction, de contrôle ou liées à l’autorité environnementale, générant une souffrance au travail pour un nombre important de collègues, et exigeons de l’administration qu’elle mette en place les actions nécessaires pour prévenir les RPS ;

→ Nous dénonçons les effets des coupes budgétaires sur le fonctionnement courant des services et les conditions de travail des agents, et exigeons la transparence sur les moyens de fonctionnement alloués aux DREAL dans le programme 354 géré par le ministère de l’Intérieur ;

→ Nous rappelons que le télétravail doit rester un choix et ne doit en aucun cas devenir une obligation dictée par une quelconque contrainte de l’État employeur ;

→ Nous dénonçons la gestion des opérations de restructurations/optimisations de locaux qui ne prennent en compte que l’aspect financier (via le ratio M2/agent) et nullement l’aspect conditions de travail, pourtant déjà mises à mal par les réorganisations et baisses d’effectifs. Nous revendiquons que les instances compétentes soient consultées à toutes les phases d’un projet immobilier pour intégrer la question des conditions de travail ;

→ Nous prenons acte de l’inscription à la demande de FO du sujet « Intelligence Artificielle » à l’ordre du jour des travaux de la F3SCT ministérielle, et exigeons que cela soit le cas au niveau de chaque DREAL ;

→ Nous soutenons la revendication portée par FO au niveau ministériel d’ouvrir la possibilité de recourir à la semaine de 4,5 jours, comme cela est déjà le cas en DDI ou certains EP.

6- Une action sociale harmonisée vers le haut

→ Nous dénonçons la hausse de 14 % des options ALAN en 2026, décidée unilatéralement entre l’opérateur et l’administration, contre l’avis des organisations syndicales ;

→ Nous soutenons la demande de FO de disposer d’une réelle transparence en matière d’attribution des aides allouées au titre des fonds de solidarité, ce sont bien les agents au travers de leurs cotisations qui en sont actionnaires ;

→ Nous dénonçons par avance tout blocage de certaines actions sociales début 2026 pour des raisons budgétaires et exigeons la réouverture effective des crédits locaux au plus tôt en début d’année ;

→ Nous pointons la non revalorisation des subventions de restauration collective depuis 2020 et exigeons leur remise à niveau à l’aune de l’inflation connue depuis, et dénonçons l’absence de transparence et d’égalité de traitement entre RIA. Nous nous opposons à ce sujet à tout recul comme le ministère de l’Intérieur le tente pour les DDI.

7- Le retour à de réelles négociations pour sortir du « monologue antisocial »

→ nous revendiquons la remise en place de lieux de concertation concernant les mobilités et les promotions ;

→ nous exigeons le respect des prérogatives des instances formelles de « dialogue social » locales, ainsi que la possibilité pour nos représentants de pouvoir réellement se libérer de leur activité professionnelle pour préparer/restituer les réunions convoquées par l’administration ; cela implique, de fait, une modulation des objectifs individuels.

→ nous restons extrêmement vigilants quant à toute forme de discrimination syndicale ou d’attaque du droit syndical, et donnerons suite à tout manquement en la matière.

FO rappelle que les DREAL constituent un pilier structurant de la présence de l’État dans les territoires, assurant la cohérence, la transversalité et la vision de long terme des politiques publiques.

Leur affaiblissement, par démantèlement progressif ou transfert de leurs unités départementales sous l’autorité des préfets de département, mettrait en péril l’équilibre entre expertise, impartialité et cohérence nationale.

FO s’oppose donc à tout nouveau transfert de missions des DREAL, et exige la préservation du caractère ministériel et régional de ces directions.

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